vendredi 8 août 2014

The White Storm (Benny Chan, 2013)



Trois policiers, amis depuis l'enfance, travaillent ensemble à démanteler un trafic de narcotiques. Ma (Lau Ching-wan) dirige l'opération, secondé par Cheung (Nick Cheung). So (Louis Koo), infiltré, est parvenu à obtenir un rendez-vous avec Hak Tsai, mais il apparaît que celui-ci n'est pas le véritable chef du réseau, en réalité commandité depuis la Thaïlande. 

A priori, The White Storm met facilement l'eau à la bouche : un metteur en scène qui, sans être un grand cinéaste, a su comme un Dante Lam ou un Law Chi-leung donner quelques films intéressants au sein d'une carrière en dents de scie (côté polar, on reviendra un jour sur Man Wanted) ; un scénario qui rappelle fortement le John Woo le plus émouvant, Une Balle dans la tête ; et enfin un trio d'acteurs parmi les plus intéressants du moment. De ce dernier point de vue (et uniquement de celui-ci), The White Storm est une réussite : Lau Ching-wan - Sean Lau au générique - montre à nouveau sa polyvalence et l'étendue de son registre de jeu. Louis Koo, peu de temps après sa très bonne prestation dans le Drug War de Johnnie To, joue les infiltrés avec conviction tandis que Nick Cheung est parvenu film après film à nous faire oublier sa mono-expressivité d'antan (Breaking News) et à devenir un premier rôle des plus solides. A eux trois, ils forment un tandem qui demeure malheureusement le seul intérêt d'un film handicapé par un scénario d'une rare maladresse.



La première partie du film, dans laquelle Louis Koo est infiltré dans un réseau de trafiquants de drogue, ouvre des pistes intéressantes : l'amitié entre Koo et son contact Hak Tsai, la corruption policière, la rivalité entre les polices chinoises et thaïlandaises. Mais tout cela est abandonné à mi-film à l'aide d'un traitement par-dessus la jambe : ainsi la taupe au sein de la police thaïlandaise renseigne tranquillement les triades au téléphone, à deux mètres de ses collègues policiers. Une mort absurde surgit alors, pour être ensuite suivie par dix bonnes minutes de séquences de remplissage larmoyantes, avant qu'un twist aussi attendu qu'idiot ne vienne relancer la mécanique, tout ceci précédant un second twist qui viendra remettre les pendules à l'heure ! L'absence totale de rigueur d'écriture (chapeau au méchant pour avoir fait d'un homme qu'il a tenté d'assassiner son bras droit, en voilà une riche idée), le caractère excessivement stéréotypé des seconds rôles et un pathos démesuré achèvent de plomber les bonnes intentions de The White Storm. Il faudrait y ajouter les reprises ratées d'éléments wooiens (la " rencontre " après une poursuite en voiture, les braquages à trois ou chacun menace les deux autres) qui ne fonctionnent jamais du fait qu'on peine à percevoir la profondeur de l'amitié entre le trio. Là ou en quelques minutes Woo parvenait sans difficulté à peindre une osmose au sein de ses personnafes, Benny Chan ne cesse de faire répéter maladroitement à ceux-ci à quel point ils sont attachés les uns aux autres sans jamais le faire ressentir au spectateur. A la spontanéité débridée d'un cinéaste excessif se sont substitués des rapports calculés qui échouent à convaincre.



Enfin, dernière déception en date, la mise en scène de Benny Chan n'est même pas du niveau d'un artisanat correct. Si les scènes de fusillade ou de destruction sont bien là (notamment la fameuse hécatombe à mi-film durant laquelle des hélicoptères mitraillent tout ce qui bouge), le tout manque de la précision d'un Woo ou de l'élégance d'un Johnnie To. Mais même hors-action, Chan cède à un pompierisme des plus irritants (les " cris muets " de Louis Koo, la musique ratée mais omniprésente, les plans surlignant inutilement le fait que les héros soient meurtris par la vie) qui de plus allonge inutilement la durée d'un long-métrage qui n'aurait probablement duré qu'une heure trente dans les années 90, pour environ 135 minutes ici. Sans être des chefs d'oeuvre, des sous-John Woo comme Return Engagement ou Requital avaient pour eux l'efficacité et la concision qui manque terriblement ici. De l'ambition, c'est certain, mais rien de concluant cinématographiquement parlant.

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